Guy Delcourt est né le 27 mars 1958 à Versailles. Il passe ses années d’école primaire à Lens. À 7 ans, il subit son premier choc quand ses parents l’emmènent au cinéma voir Bébert et l’omnibus, mais se trompent de salle : Guy assiste médusé aux premières minutes de Frankenstein avant qu'ils ne réalisent leur erreur ! De cet heureux incident naîtra un goût prononcé pour les « contre-cultures » que sont alors le fantastique, la science-fiction, la série B, et la bande dessinée qu’il dévorera sous toutes ses formes, de Spirou à Marvel en passant par Tarzan et les « petits formats » venus d’Italie : Akim, Captain Swing, Kriminal

"Subjugué, le lycéen devient un passionné"

Il passe ses années de secondaire à Roubaix. En 1972, au Furet du Nord de Lille, second choc : la plus grande librairie d’Europe a réuni Hergé, Franquin, Uderzo, Pratt, Jacobs et Gotlib pour une séance de dédicaces ! Subjugué, le lycéen devient un passionné dont la collection compte bientôt quelques milliers d’albums – en première édition et en parfait état – dénichés en France et en Belgique.

Octobre 1977, troisième choc. Alors qu’il vient d’intégrer l’Essec, la prestigieuse « business school » française, Guy Delcourt voit La Guerre des étoiles pour la première fois (de nombreuses autres suivront). Trois ans plus tard, il débarque à Los Angeles pour prendre un poste d’analyste financier. Au même moment sort L’Empire contre-attaque suivi, en 1981, des Aventuriers de l’Arche perdue. Peu séduit par la finance, le jeune diplômé préfère interviewer Harrison Ford et amorcer ainsi une carrière de journaliste qu’il poursuit à son retour en France. Il écrit sur le cinéma fantastique et la bande dessinée pour plusieurs magazines dont Pilote, dont il prend la rédaction en chef en 1985. Début 1986, remercié par les Éditions Dargaud, il fonde sa propre maison alors que la bande dessinée traverse une violente crise économique. Son expérience de journaliste le pousse à explorer des idées nouvelles. Il propose au chanteur Renaud d’adapter ses chansons en bande dessinée : l’album, publié en octobre 86, se vend à 100 000 exemplaires. L’éditeur n’aura de cesse de faire sortir la bande dessinée des sentiers battus, en la conjuguant avec la musique, la peinture, la littérature (de Proust à Teulé), le cinéma, le reportage, etc.


Dès ses débuts, il rencontre toute une génération d’auteurs qui partagent son goût pour l’imaginaire : avec eux, il bâtit un ensemble de séries qui renouvellent la science-fiction et le fantastique en bande dessinée. 
Dans les années 90, Guy Delcourt devient père de trois enfants et lance une collection de BD jeunesse qui innove par l’étendue des choix graphiques proposés. Dans les années 2000, il diversifie sa production et cumule les best-sellers avec notamment Les Blagues de Toto, Les Légendaires, Walking Dead, Donjon, ainsi que de nombreux romans graphiques (Chroniques de Jérusalem de Guy Delisle, Come Prima d’Alfred, etc.). Le développement de son groupe se fait aussi par acquisitions d’autres maisons : Tonkam (éditeur emblématique de manga) en 2005, et les Editions Soleil (Lanfeust de Troy, Les Carnets de Cerise) en 2011.


En 2006, il est fait Chevalier de l’Ordre National du Mérite par le ministre de la Culture d’alors, Renaud Donnedieu de Vabres, et en 2016, c’est Jack Lang qui lui remet le grade d’officier du même Ordre. 


Quand il ne lit pas de bande dessinée, il se plonge dans le cinéma hollywoodien de « l’âge d’or », le cinéma asiatique de tout temps, l’histoire de l’Empire romain, les tragédies de Racine et Shakespeare où il trouve les émotions et les intrigues qui fondent tous les grands récits, et les séries télévisées américaines dont l’ébullition inventive n’est pas sans rappeler celle de la bande dessinée. Son esprit, animé par l’ambition de conjuguer qualité et originalité, reste inchangé même si la petite maison des débuts est devenue le 2ème groupe d’édition francophone de bande dessinée, et passe encore un cap en 2018, avec l’entrée à son capital d’un actionnaire minoritaire, Florac, qui ouvre de nouvelles perspectives de développement.